Prédication du 6 octobre 2024

Le Prophète Elie, Par Lionel Thébaud, Pasteur
1 Rois 19.1-4
Fuite d’Elie

Achab rapporta à Jézabel tout ce qu’avait fait Elie et la manière dont il avait tué par l’épée tous les prophètes. 

Jézabel envoya alors un messager à Elie pour lui dire: «Que les dieux me traitent avec la plus grande sévérité, si demain, à la même heure, je ne te fais pas ce que tu leur as fait!»

Voyant cela, Elie se leva et partit pour sauver sa vie. Il arriva à Beer-Shéba, une ville qui appartient à Juda, et il y laissa son serviteur. 

Quant à lui, il marcha toute une journée dans le désert, puis il s’assit sous un genêt et demanda la mort en disant: «C’est assez! Maintenant, Eternel, prends-moi la vie, car je ne suis pas meilleur que mes ancêtres.»

Le Prophète Elie

Voici le prophète Élie !

 

Le prophète, c’est quelqu’un qui parle de la part de Dieu, non pas pour prédire l’avenir, comme on le dit trop souvent, mais pour prévenir de ce qui arrivera si on ne se comporte pas comme il faut. Des fois c’étaient des paroles simples, comme « si tu mets des chaussures trop petites, tu vas avoir des ampoules et tu ne pourras plus marcher normalement », et des fois c’était un peu plus complexe, comme « si tu livres des armes à l’Ukraine tu risques de déclencher une guerre contre la Russie ». En fait, les prophètes faisaient beaucoup de politique, et leurs paroles ressemblaient quand-même plus à mon deuxième exemple qu’au premier. Mais attention, on est là plusieurs siècles avant Jésus-Christ. Et parmi les prophètes que la Bible mentionne, Elie fait partie des prophètes les plus importants. Elie n’a pas écrit de livre qui raconte ses prophéties, mais certains aspects de sa vie et de ses paroles sont consignées dans les livres des Rois. Dans notre Bible, il y a deux livres des rois : le premier livre des rois et le deuxième livre des rois. Quand on en parle, on dit simplement 1 rois et 2 rois. Ces deux livres racontent une partie de l’histoire d’Israël depuis la mort du roi David jusqu’à l’exil des Israélites à Babylone. Une histoire pleine de rebondissements, avec des personnages étonnants et de la joie, de la tristesse, de l’amour aussi parfois, et Dieu qui, dans tout ça, essaye de guider son peuple pour l’aider à vivre dans la foi et dans l’espérance. Pas facile, hein. Elie est tellement important, comme prophète, que Jésus fait référence à lui dans ses prédications. 

 

J’ai dit que les prophètes avaient souvent un rôle politique. C’est vraiment le cas d’Elie. Dans nos Églises on n’aime pas trop parler politique, mais il faut bien comprendre de quoi il s’agit. Le prophète allait voir le roi et il lui disait « tu te comportes mal. Dieu n’aime pas ce que tu fais. Change de comportement, change de politique, et alors Dieu sera content ». Et Elie devient prophète au moment où le roi Achab règne sur Israël. La Bible dit que Achab « fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur, encore bien plus que les rois qui l’avaient précédé ». Imaginez un peu. Et Achab avait épousé une femme, qui s’appelle Jézabel, et qui était terrible ! Ce couple royal poussait les Israélites à adorer d’autres dieux que Dieu et à tuer les opposants politiques. Alors bon, c’était pas génial. Et Elie a commencé à aller voir Achab pour lui dire : « je t’annonce qu’il ne pleuvra plus dans ce pays, sauf si je le demande ». Il faut avoir un sacré courage, pour aller voir un roi comme ça et lui dire des trucs pareils. Mais le pire dans tout ça, c’est que la sécheresse est bel et bien arrivée. Elle a duré trois ans. Après quoi Dieu a parlé à Elie et lui a dit : « Va voir Achab, car je ferai tomber la pluie ». C’était pas facile d’aller voir Achab, parce que la reine Jézabel avait fait tuer plein de prophètes de Dieu. Elie sait, en allant voir Achab, qu’il peut être mis à mort, lui aussi. Et quand Achab le voit, il lui dit : « Te voilà, toi qui amènes le malheur sur le peuple d’Israël ! » C’est classique hein : ceux qui font le mal rejettent toujours la faute sur les autres. S’il y a de la pollution, c’est pas de ma faute, c’est parce que les gens ne coupent pas l’eau quand ils se brossent les dents ! S’il y a des pauvres, c’est parce qu’ils ne veulent pas travailler ! Etc. Toujours, toujours les mêmes problèmes. Mais Elie ne se laisse pas faire, il répond : « Ce n’est pas moi qui ai amené le malheur sur Israël, c’est toi et ta famille, parce que vous avez refusé d’obéir aux commandements du Seigneur ». Et bim. Je passe certains détails, parce que je n’ai plus beaucoup de temps, mais vous lirez tout ça dans vos bibles, en famille, hein. Il y a dans l’histoire d’Elie un passage qui est très connu, où Dieu se présente à Elie alors que celui-ci se cache dans une grotte. C’est un très beau passage, où on dit que Dieu n’était pas dans le vent violent qui soufflait sur la montagne. Et Dieu n’était pas dans le tremblement de terre qui secouait la montagne. Et Dieu n’était pas dans le feu qui embrasait la montagne. Mais Dieu était dans le souffle léger qui venait chatouiller le visage d’Elie. Ce n’est pas dans le miracle ou la démonstration de force que Dieu se montre, ce n’est pas dans la violence, mais c’est dans la douceur et dans les choses qu’on remarque à peine. Mais pourquoi Elie se cachait-il dans une grotte ? 

 

Elie – ce prophète courageux, qui a plusieurs fois risqué sa vie en annonçant au roi qu’il devait obéir à Dieu, Elie qui fait de la politique alors que tout le monde voudrait qu’il ne se mêle pas des histoires des rois et des reines, alors que tout le monde voudrait qu’il ne parle que des joies célestes – Elie nous déçoit. D’abord, il fait du zèle en tuant les prophètes du dieu de Jézabel. Sérieux, Elie ! Être fidèle à Dieu, ça ne te suffit pas ? Il a fallu que tu tues 450 personnes, tout ça parce qu’ils servaient un autre Dieu que ton dieu ? Suite à ça, il a peur. Il a peur, parce qu’il sait qu’il n’aurait pas dû tuer ces 450 prophètes. Il est allé beaucoup trop loin. Il a peur, parce que Jézabel le menace de mort, elle lui dit : « Demain, à la même heure, je t’aurai tué comme tu as tué tous mes prophètes ». Elie a peur et il s’enfuit pour sauver sa vie. Il désire mourir tellement il se sent coupable et il dit à Dieu : « Reprends ma vie car je ne suis pas meilleur que mes successeurs ! ». C’est vrai, Elie, tu es un meurtrier, toi aussi. Et tu nous déçois. On attendait beaucoup mieux de toi. On avait un peu une image idéale de toi. Mais tu es humain, comme les autres, et peut-être bien que tu as fait pire que ce que les autres ont fait avant toi. C’est vraiment pas glorieux. Je pense que des fois, la fatigue, l’épuisement, le trop plein de pression conduisent à l’excès de zèle puis à la culpabilité et au découragement. Je crois que des fois, quand les  gens ont peur c’est parce qu’ils n’en peuvent plus de vivre ce qu’ils vivent. Parce qu’on leur en demande trop. Parce qu’ils ne peuvent plus prendre de recul par rapport à leur situation, toujours en alerte, toujours à courir, toujours à se demander quand ça va s’arrêter. Et Elie, qui est dans cette situation, craque. Il tue en masse ses opposants, exactement comme le roi et la reine ont tué. Il devient violent, au nom de Dieu. C’est pour ça que Dieu vient à sa rencontre, dans sa cachette, et qu’il se présente à lui dans le murmure d’un bruit doux et léger. Dieu n’est pas dans le vent violent qui souffle sur la montagne. Et Dieu n’est pas dans le tremblement de terre qui secoue la montagne. Et Dieu n’est pas dans le feu qui embrase la montagne. Mais Dieu est dans le souffle léger qui vient chatouiller le visage d’Elie. Ce n’est pas dans le miracle ou la démonstration de force que Dieu se montre, ce n’est pas dans la violence, mais c’est dans la douceur et dans les choses qu’on remarque à peine. Et ce dont Elie a besoin, pour se remettre debout, c’est de ce silence. De ce calme. De ce repos intérieur. 

 

Dieu entend la souffrance de son prophète, et il lui dit d’une part qu’il y a encore d’autres prophètes qui sont restés fidèles à Dieu. En gros il lui dit : Elie, tu n’es pas tout seul. Tu n’es pas isolé. Tu peux compter sur les autres. Et ensuite il lui demande d’aller chercher celui qui va lui succéder. Oui, il dit à Elie : j’ai compris ta souffrance, alors tu vas partir à la retraite. Un autre continuera ton travail, et toi, tu vas t’arrêter. Parce qu’il y a une fin à tout. Parce que ton mandat a une durée limitée, j’ai d’autres projets pour toi. Et il lui dit d’aller chercher Elisée, parce que c’est lui, le prophète qui prendra la relève. Ensuite, le roi Achab meurt, la reine Jézabel meurt aussi, et un nouveau roi arrive sur le trône. Mais c’est une autre aventure. Au final, on raconte qu’Elie a été enlevé au ciel sur un chariot de feu, tiré par des chevaux de feu, dans un tourbillon de vent. 

 

C’était, assez rapidement raconté, l’histoire du prophète Elie. Cet homme courageux qui a quand-même réussi à perdre courage. Il nous a déçus, parce qu’on pouvait s’attendre à ce qu’il défie la reine Jézabel et qu’il n’ait pas peur de ses menaces, on aurait pu s’attendre à ce qu’il s’oppose au pouvoir en place sans entrer dans la violence, mais non, Elie a tué, Elie a fui et Elie s’est mis à déprimer fortement, caché dans sa grotte, comme quelqu’un qui a perdu confiance en Dieu. Mais Dieu ne lui en a pas voulu. Dieu est venu le chercher et l’a remis debout. Mieux que ça, même : Dieu a entendu et compris son problème, et il a trouvé une solution, en l’emmenant ailleurs. Nous, aujourd’hui, nous pouvons lire cette histoire et entendre que Dieu trouvera une solution à nos difficultés. Que les gens parfois ont des projets pour nous qui ne correspondent pas à ce que Dieu a mis dans notre cœur. Que les gens voudraient que l’on fasse ci ou que l’on ne fasse pas ça, mais que c’est Dieu qui nous dit ce que nous avons à faire. Que c’est normal d’être fatigué, épuisé, découragé, mais que Dieu nous sort de là pour nous remettre en selle, pour reprendre nos vies en mains. Bref, nous pouvons comprendre dans cette histoire que Dieu ne nous abandonne pas. 

 

Amen. 

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